15 décembre 2007
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14:47
Depuis hier soir minuit, j'erre dans les rues de Cormeilles à la recherche de spectateurs qui voudraient me dire leur enthousiasme à la suite de notre spectacle. Et voici les résultats :
1h30 : du matin, deux hommes dans une voiture tunnée et repeinte de bleu de blanc et de rouge me demande mes papiers. Je m’empresse de leur donner en leur remerciant de vouloir identifier un à un les acteurs. Ils me demandent de leur signer un autographe sur un feuillet où il est écrit amende pour vagabondage. Je les remercie en leur offrant 75 € et les félicite, il est tellement rare de rencontrer des poètes sensibles à l’errance des mots que nous venons de servir.
2h30 : un homme zigzaguant au milieu de la chaussée m’interpelle. Il m’offre un coup de rouge, et je ne puis m’empêcher d’être très sensible à son évocation pudique d’une de mes scènes. Mais incorrigible je ne puis m’empêcher de le reprendre lorsqu’il me dit qu’il vient de finir une tournée des grands ducs. J’essaie de lui expliquer qu’Athos n’est pas un duc mais un comte. Lorsque d’une émotion qu’il a du mal à maîtriser l’homme me pousse et me roue de coups.
5h30 : je sors de mon évanouissement, et de la poubelle qui m’avait recueilli, réveillé par le bruit d’un camion. Deux hommes surgissent, et m’empoignent, en me criant « nous on travaille ». Je m’émeus devant l’admiration qu’ils nous portent, à nous qui égrainons les mots avec une telle aisance. À mon tour je leur crie que Mozart aurait dit « Tant que cela n’apparaît pas facile, c’est qu’il n’y a pas assez de travail ». Mais ils sont déjà quatre maisons plus loin. Hommes modestes, ils n’ont pas osé entamer une discussion artistique avec moi.
6h30 : Je vois apparaître, comme des serviteurs bien rangées, plusieurs hommes et femmes portant des cageots de fruits, de poissons, de viandes et autres mets succulents. Je les remercie de nous faire ses offrandes. Comme ne pas être étonné devant cet hommage évocateur des temps ou le théâtre pouvait se payer en nature. Ils nous comparent à la troupe de Molière, j’en suis sûr. Et c’est avec pudeur qu’ils me repoussent lorsque je fonds en larmes devant eux. L’un deux crie même ces phrases qui demeurent pour moi une énigme « Eh Ducon, tu dégages ». Il faut que je pense à chercher de quel diamant littéraire est tirée cette citation.
7h30 : j’arrive chez moi. Ma compagne habituée par nos réussites et qui connaît ma modestie maladive, n’évoque même pas notre dernière représentation. Ah la sainte femme. Simplement et dans des mots portés par un zéphyr d’amour, ses lèvres laissent passer : « tu pues, va te laver et après tu feras du café. »
9h30 : à l’école de mes enfants, je croise une personne qui me nomme Porthos. Nous sommes tellement en harmonie sur les planches que nous nous confondons aux yeux du public. Une autre me dit qu’elle a adoré notre représentation, que la mise en scène était extraordinaire et que les acteurs étaient parfaits… Elle ajoute qu’elle ne regrette pas d’être venue.
Seul un épisode est vrai…
1h30 : du matin, deux hommes dans une voiture tunnée et repeinte de bleu de blanc et de rouge me demande mes papiers. Je m’empresse de leur donner en leur remerciant de vouloir identifier un à un les acteurs. Ils me demandent de leur signer un autographe sur un feuillet où il est écrit amende pour vagabondage. Je les remercie en leur offrant 75 € et les félicite, il est tellement rare de rencontrer des poètes sensibles à l’errance des mots que nous venons de servir.
2h30 : un homme zigzaguant au milieu de la chaussée m’interpelle. Il m’offre un coup de rouge, et je ne puis m’empêcher d’être très sensible à son évocation pudique d’une de mes scènes. Mais incorrigible je ne puis m’empêcher de le reprendre lorsqu’il me dit qu’il vient de finir une tournée des grands ducs. J’essaie de lui expliquer qu’Athos n’est pas un duc mais un comte. Lorsque d’une émotion qu’il a du mal à maîtriser l’homme me pousse et me roue de coups.
5h30 : je sors de mon évanouissement, et de la poubelle qui m’avait recueilli, réveillé par le bruit d’un camion. Deux hommes surgissent, et m’empoignent, en me criant « nous on travaille ». Je m’émeus devant l’admiration qu’ils nous portent, à nous qui égrainons les mots avec une telle aisance. À mon tour je leur crie que Mozart aurait dit « Tant que cela n’apparaît pas facile, c’est qu’il n’y a pas assez de travail ». Mais ils sont déjà quatre maisons plus loin. Hommes modestes, ils n’ont pas osé entamer une discussion artistique avec moi.
6h30 : Je vois apparaître, comme des serviteurs bien rangées, plusieurs hommes et femmes portant des cageots de fruits, de poissons, de viandes et autres mets succulents. Je les remercie de nous faire ses offrandes. Comme ne pas être étonné devant cet hommage évocateur des temps ou le théâtre pouvait se payer en nature. Ils nous comparent à la troupe de Molière, j’en suis sûr. Et c’est avec pudeur qu’ils me repoussent lorsque je fonds en larmes devant eux. L’un deux crie même ces phrases qui demeurent pour moi une énigme « Eh Ducon, tu dégages ». Il faut que je pense à chercher de quel diamant littéraire est tirée cette citation.
7h30 : j’arrive chez moi. Ma compagne habituée par nos réussites et qui connaît ma modestie maladive, n’évoque même pas notre dernière représentation. Ah la sainte femme. Simplement et dans des mots portés par un zéphyr d’amour, ses lèvres laissent passer : « tu pues, va te laver et après tu feras du café. »
9h30 : à l’école de mes enfants, je croise une personne qui me nomme Porthos. Nous sommes tellement en harmonie sur les planches que nous nous confondons aux yeux du public. Une autre me dit qu’elle a adoré notre représentation, que la mise en scène était extraordinaire et que les acteurs étaient parfaits… Elle ajoute qu’elle ne regrette pas d’être venue.
Seul un épisode est vrai…