Il est toujours surprenant de voir à quelle vitesse les anciens sportifs de haut niveau oublient ce que fut leur quotidien. C'est à dire des victoires, quelques-unes, et des défaites, bien
davantage.
Ainsi, lorsque Jean-François Lamour se confie à un site internet sportif bien connu qui n'en demandait pas tant pour attiser le feu qui couve à la Fédération, il déclare tout de go :
« Ce qui est impardonnable ce n'est pas qu'il n'y ait aucune médaille, c'est que les Français se fassent sortir au premier ou au deuxième tour. Qu'ils soient incapables de remonter une situation
ou bien au contraire qu'ils se fassent remonter quand ils menaient.../...».
Les sélectionnés olympiques de Londres 2012 apprécieront...
Le fair-play, une des valeurs fondamentales de l'escrime, devrait faire force de loi dans les propos d'un ancien champion. Et ce, même si chacun aura compris la finalité de telles paroles...
C'est donc sur fond de polémiques multiples et plus particulièrement suite aux mèches allumées ci et là par l'opposition que le président de la FFE et son DTN ont convié la presse dimanche soir
au Club France à Londres. Une conférence expédiée en moins de 30 minutes, puisque les sites internet avaient déjà relayé les infos les plus croustillantes.
Frédéric Pietruszka a concentré l'essentiel de ses déclarations dans le communiqué de presse consultable ci-dessous. Le président de la FFE y adresse nombre de remerciements à l'adresse des
escrimeurs, mais également des cadres techniques.
Quant à Éric Srecki, il est resté fidèle à l'épéiste qu'il fut, plein d'à-propos. « L'absence de médailles est regrettable, a-t-il dit, mais ne comptez pas sur moi pour dénigrer tel ou tel
escrimeur ! Je ne vais pas faire non plus d'analyse à chaud car on est encore dans l'émotion. Oui, on a pris une déculottée et nous allons prendre le temps de l'analyser et de débriefer tout
cela. Nous devons garder du recul et du sang-froid dans cette analyse ».
Analyse et sang-froid, des qualités dont devraient se nourrir celles et ceux qui aspirent un jour à accomplir de grands desseins, sportifs ou non.
DG
Photo - Amandine Noël / Icon Sport
Eric Srecki (Directeur technique national) et Frédéric Pietruszka (Président de la FFE), côte à côte lors de la conférence de presse donnée au Club France, dimanche soir à Londres.
Communiqué de presse de Frédéric Pietruszka
Les JO de Londres constituent un échec cuisant pour l'escrime française, mais au-delà de cet échec, je voudrais exprimer ma reconnaissance et mon affection aux tireurs, partager leur déception
après ces quatre années de préparation et pour certains vingt années de carrière.
Je pense évidemment à Laura Flessel que je veux remercier pour son engagement et lui dire qu'elle a non seulement été un magnifique porte-drapeau de la délégation, mais surtout une formidable
ambassadrice de notre sport.
Y associer Brice Guyart pour son apport à l'escrime et à travers lui tous ceux qui n'ont pas réussi à se qualifier et arrêtent leur carrière après ces Jeux.
Je veux dire à tous ceux qui continuent, la confiance que j'ai pour que leurs lendemains soient meilleurs et remercier leurs maîtres d'armes de clubs pour le travail accompli.
Je veux dire aussi ma confiance aux jeunes de l'équipe qui ont vécu cette difficile période de Londres et reste persuadé que l'avenir leur appartient, sans oublier ceux qui n'étaient pas
présents, mais qui ont déjà exprimé leur potentiel lors des dernières coupes du monde.
Je souhaite remercier les entraîneurs, l'encadrement médical, l'armurier pour leur investissement, leur apport et leur contribution aux succès passés et à venir, leur dire que tout le travail
effectué ne doit pas être remis en cause, mais qu'une analyse précise des résultats des uns et des autres permettra de rebondir pour repartir de l'avant.
Cette analyse permettra également une prise de décision sur la future organisation du département du Haut Niveau et j'ai d'ores et déjà recommandé au Directeur Technique National de pourvoir au
remplacement du Directeur du Haut Niveau qui n'a pas pu mener à bien sa mission et atteindre l'objectif fixé de 3 à 5 médailles, après des championnats du monde d'Antalya, de Paris et de Catane
en deçà de nos espérances, malgré les moyens importants mis à disposition, et qui n'a pas su insuffler à l'équipe d'encadrement et aux tireurs la dynamique nécessaire à la performance.
Enfin, je regrette que ceux qui parlent aujourd'hui de la responsabilité de la Fédération et de moi-même dans cet échec n'aient pas la décence de garder le silence alors qu'ils sont les
principaux responsables du climat perturbé au sein de notre Fédération, de la division créée pour des conflits d'ordre personnel, qu'ils ont fait rejaillir sur l'ensemble de la structure.
Je regrette que ceux à qui j'avais demandé le respect de la trêve olympique afin de protéger notre équipe, avant de penser à l'élection fédérale, d'avoir négligé cet appel fait au comité
directeur de janvier et d'avoir, par leurs attaques incessantes, participé grandement à ce mauvais climat.
Enfin, je veux dire à leurs conseillers rompus à la politique, que contrairement à ce qu'ils pensent, l'association sportive ne doit pas être assimilée au fonctionnement de la politique, mais
rester un univers protégé dans lequel les divergences de vues ne doivent pas faire oublier que la passion commune doit être partagée dans la convivialité, l'amitié et le respect de l'autre, et
que les moyens de communication modernes ne doivent pas se substituer au débat interne prévu par nos institutions.
Malgré l'échec de Londres, je reste très confiant dans la capacité de nos enseignants, de nos tireurs, à rebondir très rapidement et à faire en sorte que l'escrime continue à apporter sa
contribution au succès du sport français, mais aussi et surtout à l'éducation des jeunes qui rejoindront les clubs dans les jours, les mois et les années qui viennent.
Frédéric Pietruszka
Président de la Fédération Française d'Escrime