4 octobre 2007
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Curieux de voir 2 mots aussi antinomiques ainsi réunis.
L'abbaye laïque n'est pas
une exclusivité béarnaise , mais en Béarn , le phénomène a pris un caractère systématique; en débordant sur la Bigorre et la Soule. C'est ainsi qu'il y eut autour de 300 abbayes laïques
en Béarn (on a même noté l'existence de 3 abbayes dans le même petit village) .
C'était la demeure de l'abbé laïque toujours proche , souvent accolée à l'église; elle formait un tout avec le château et en fait, l'église avait le double rôle de chapelle du château et d'église communale; une sorte d'interface entre public et privé, noblesse et peuple. C'est ainsi que nombre d'églises et de châteaux en Béarn sont issus de ces fameuses abbayes laïques. L'abbé-seigneur pouvait assister aux offices sans se déplacer et bien au chaud, car bien souvent un finestrou (donnant dans l'église) était aménagé dans ses appartements (Béost...) et à tout le moins, il avait une petite entrée particulière et privée.
L'abbé laïque était donc considéré comme le patron et le protecteur de l'église (à vrai dire, elle lui appartenait) : il collectait les dîmes (on appelait le collecteur, le décimateur -sic- ) et divers impôts de l'église, à charge pour lui d'assurer entretien, rétribution et nominations. En outre, il était exempté de la taille. Il bénéficiait du droit de patronage concernant à nommer le curé (Il avait le droit de présenter à la cure vacante, mais c'est l'évêque en dernier ressort qui décidait), il recevait le tiers des offrandes qui se faisaient lors des fêtes et en fin d'année .En outre, il occupait une place privilégiée lors des offices (s'il lui prenait l' envie de se déplacer) , il percevait le premier le pain bénit . Il pouvait être enterré dans l'église (Estos...) et bénéficier (quel pied !) de la sonnerie à la volée lors de ses obsèques.
Étant considérés comme nobles, ils rendaient au vicomte les devoirs ordinaires de la vassalité . Pour avoir accès à ces privilèges, l'abbé devait donc foi et hommage au vicomte et (moins réjouissant) le service militaire en temps de guerre. En outre, ces abbés occupaient des fonctions plus ou moins lucratives, mais toujours honorifiques auprès du vicomte et au Parlement de Navarre. La fonction fut vite pervertie et considérée comme un bon investissement financier, une monnaie d'échange. L'abbé laïque devint ni plus ni moins qu'une sorte de franchisé avec les avantages et les obligations se rapportant au droit de porter le label.
Malgré son orientation protestante, Jeanne d'Albret (la mère d'Henri IV) fera rentrer massivement ces abbés dans les États du Béarn, pour s'assurer de la majorité. (ce sont-ils parjurés?). La possession d'une abbaye était un tremplin pour accéder à la noblesse, et la nomination dans les États de Béarn était en fait une reconnaissance tacite de leurs statuts de nobles...ce qui sera le fait pour environ les 2/3 d'entre eux. De nombreux noms de famille béarnais sont issus de cette "caste" : Abadie, Dabadie, Labadie, Labat, Apatie, Badie...etc...
(extrait de Lo Noste Béarn d' Hubert Dutech)
En photo : l'abbaye Saint Jacques de Sauvelade qui me semble avoir la caractéristique d'une abbaye laïque (voir la tour du château dérrière).

C'était la demeure de l'abbé laïque toujours proche , souvent accolée à l'église; elle formait un tout avec le château et en fait, l'église avait le double rôle de chapelle du château et d'église communale; une sorte d'interface entre public et privé, noblesse et peuple. C'est ainsi que nombre d'églises et de châteaux en Béarn sont issus de ces fameuses abbayes laïques. L'abbé-seigneur pouvait assister aux offices sans se déplacer et bien au chaud, car bien souvent un finestrou (donnant dans l'église) était aménagé dans ses appartements (Béost...) et à tout le moins, il avait une petite entrée particulière et privée.
L'abbé laïque était donc considéré comme le patron et le protecteur de l'église (à vrai dire, elle lui appartenait) : il collectait les dîmes (on appelait le collecteur, le décimateur -sic- ) et divers impôts de l'église, à charge pour lui d'assurer entretien, rétribution et nominations. En outre, il était exempté de la taille. Il bénéficiait du droit de patronage concernant à nommer le curé (Il avait le droit de présenter à la cure vacante, mais c'est l'évêque en dernier ressort qui décidait), il recevait le tiers des offrandes qui se faisaient lors des fêtes et en fin d'année .En outre, il occupait une place privilégiée lors des offices (s'il lui prenait l' envie de se déplacer) , il percevait le premier le pain bénit . Il pouvait être enterré dans l'église (Estos...) et bénéficier (quel pied !) de la sonnerie à la volée lors de ses obsèques.
Étant considérés comme nobles, ils rendaient au vicomte les devoirs ordinaires de la vassalité . Pour avoir accès à ces privilèges, l'abbé devait donc foi et hommage au vicomte et (moins réjouissant) le service militaire en temps de guerre. En outre, ces abbés occupaient des fonctions plus ou moins lucratives, mais toujours honorifiques auprès du vicomte et au Parlement de Navarre. La fonction fut vite pervertie et considérée comme un bon investissement financier, une monnaie d'échange. L'abbé laïque devint ni plus ni moins qu'une sorte de franchisé avec les avantages et les obligations se rapportant au droit de porter le label.
Malgré son orientation protestante, Jeanne d'Albret (la mère d'Henri IV) fera rentrer massivement ces abbés dans les États du Béarn, pour s'assurer de la majorité. (ce sont-ils parjurés?). La possession d'une abbaye était un tremplin pour accéder à la noblesse, et la nomination dans les États de Béarn était en fait une reconnaissance tacite de leurs statuts de nobles...ce qui sera le fait pour environ les 2/3 d'entre eux. De nombreux noms de famille béarnais sont issus de cette "caste" : Abadie, Dabadie, Labadie, Labat, Apatie, Badie...etc...
(extrait de Lo Noste Béarn d' Hubert Dutech)
En photo : l'abbaye Saint Jacques de Sauvelade qui me semble avoir la caractéristique d'une abbaye laïque (voir la tour du château dérrière).