Une autre scène de Molière "les fourberis de scapin" qui évoque une épée.
SILVESTRE, lui prend rudement la main.- Touchez là. Touchez. Je vous donne ma parole, et vous jure sur mon honneur, par l'épée que je porte, par tous les serments que je saurais faire, qu'avant la
fin du jour je vous déferai de ce maraud fieffé, de ce faquin d'Argante. Reposez-vous sur moi.
SCAPIN.- Monsieur, les violences en ce pays-ci ne sont guère souffertes.
SILVESTRE.- Je me moque de tout, et je n'ai rien à perdre.
SCAPIN.- Il se tiendra sur ses gardes assurément; et il a des parents, des amis, et des domestiques, dont il se fera un secours contre votre ressentiment.
SILVESTRE.- C'est ce que je demande, morbleu, c'est ce que je demande. (Il met l'épée à la main, et pousse de tous les côtés, comme s'il y avait plusieurs personnes devant lui.) Ah, tête! ah,
ventre! Que ne le trouvé-je à cette heure avec tout son secours! Que ne paraît-il à mes yeux au milieu de trente personnes! Que ne les vois-je fondre sur moi les armes à la main! Comment, marauds,
vous avez la hardiesse de vous attaquer à moi? Allons, morbleu, tue, point de quartier. Donnons. Ferme. Poussons. Bon pied, bon œil. Ah coquins, ah canaille, vous en voulez par là; je vous en ferai
tâter votre soûl. Soutenez, marauds, soutenez. Allons. À cette botte. À cette autre. À celle-ci. À celle-là. Comment, vous reculez? Pied ferme, morbleu, pied ferme.
SCAPIN.- Eh, eh, eh, Monsieur, nous n'en sommes pas.
SILVESTRE.- Voilà qui vous apprendra à vous oser jouer à moi.
SCAPIN.- Hé bien, vous voyez combien de personnes tuées pour deux cents pistoles. Oh sus, je vous souhaite une bonne fortune*.
ARGANTE, tout tremblant.- Scapin.
SCAPIN.- Plaît-il?
ARGANTE.- Je me résous à donner les deux cents pistoles.
SCAPIN.- J'en suis ravi, pour l'amour de vous.
ARGANTE.- Allons le trouver, je les ai sur moi.
SCAPIN.- Vous n'avez qu'à me les donner. Il ne faut pas pour votre honneur, que vous paraissiez là, après avoir passé ici pour autre que ce que vous êtes; et de plus, je craindrais qu'en vous
faisant connaître, il n'allât s'aviser de vous demander davantage.
ARGANTE.- Oui; mais j'aurais été bien aise de voir comme je donne mon argent.
SCAPIN.- Est-ce que vous vous défiez de moi?
ARGANTE.- Non pas, mais...
SCAPIN.- Parbleu, Monsieur, je suis un fourbe, ou je suis honnête homme; c'est l'un des deux. Est-ce que je voudrais vous tromper, et que dans tout ceci j'ai d'autre intérêt que le vôtre, et celui
de mon maître, à qui vous voulez vous allier? Si je vous suis suspect, je ne me mêle plus de rien, et vous n'avez qu'à chercher, dès cette heure, qui accommodera vos affaires.