Ces arquebusiers furent souvent de véritables artistes, et ils firent pour nos souverains des armes qui sont à la fois

des armes excellentes et des chefs-d'oeuvre de ciselure et de damasquinure.
Une occasion de se distinguer dans leur art était fournie à ces industriels par la coutume où était la ville de Paris d'offrir au Dauphin ses premières armes. En 1785, le jeune Dauphin reçut en
présent un fusil et deux pistolets garnis en or qui avaient été fabriqués par l'arquebusier du roi, Lepage, dont la boutique était installée rue Richelieu.
Aujourd'hui, où le port des armes de guerre est prohibé, les armes à feu et les armes blanches destinées à l'armée sont fabriquées dans des manufactures qui appartiennent à l'État et sont dirigées
par ses officiers d'artillerie. Dès le courant du XVIIIe siècle, l'État avait commencé à surveiller la fabrication des armes de guerre.
Ce fut la ville de Saint-Etienne qu'on choisit pour y concentrer cette industrie, parce que, depuis le XVe siècle, on y trouvait des artisans qui s'étaient fait connaître par leur habileté dans cet
art. Louvois, au XVIIe siècle, y avait en outre développé la fabrication des mousquets. En 1784 fut organisée dans cette ville la première manufacture d'armes ; elle est restée la plus importante ;
dans ses immenses ateliers, des machines-outils y fabriquent chaque jour, en grand nombre, de préférence des fusils. L'État a deux autres grandes manufactures : l'une, installée à Châtelleraut en
1869, fait les sabres et les épées, les fusils avec le sabre-baïonnette et les cuirasses, l'autre est celle de Tulle ; dans cette ville, il y eut dès 1696 une usine à canons de fusil dont les
produits étaient vendus aux colonies par l'intermédiaire des armateurs de Bordeaux. Cette usine fut érigée en manufacture royale en 1778 ; elle fabrique aujourd'hui les fusils avec leurs
baïonnettes.
De bonne heure l'État prit l'habitude de conserver dans des établissements spéciaux le matériel de guerre. On appelle ces dépôts arsenaux ; on y fait aussi les réparations. Les premiers de ces
arsenaux en France remontent à François Ier ; celui de Paris était le plus important ; les bâtiments qu'il occupait sont aujourd'hui devenus une des grandes bibliothèques de la capitale. Il y a
actuellement dix arsenaux en France pour l'armée de terre ; ils sont installés à Douai, a Fère, Auxonne, Grenoble, Toulouse, Rennes, Bourges, Toulon, Vincennes et Versailles.