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14 septembre 2007 5 14 /09 /septembre /2007 08:34
C'est dans le passé de Milady que l'on comprend pourquoi elle a été marquée d'une fleur de Lys.

Au regard de Dieu et de la Loi, elle est mariée à Athos, comte de la Fère. Mais ce qu’Athos lui-même paraît ignorer jusqu’aux révélations finales du bourreau de Lille, c’est que même ce premier mariage est nul : en effet, Milady était religieuse au couvent de Templemar quand elle s’est enfuie avec un prêtre ; elle avait prononcé des vœux définitifs qui ne pouvaient être déliés que par Rome. Elle avait au moins un nom de jeune fille avant d’entrer au couvent. Athos le prononce une fois à l’auberge du Colombier Rouge où il vient lui arracher le blanc-seing signé de Richelieu : Anne de Bueil (variante : Anne de Breuil).
Alexandre Dumas a emprunté le nom de Bueil à une famille de Touraine à laquelle appartenait Jacqueline, comtesse de Moret, ancienne maîtresse d’Henri IV et en 1625... épouse du comte de Vardes (ou Wardes), l’un des amants de Milady dans le roman de Dumas (voir Tallemant des Réaux, Historiettes, “ Comtesse de Moret ”). Milady a-t-elle épousé Athos sous son véritable nom ? Ce fut certainement la première pensée de Dumas, qui la fait confirmer par Mordaunt, dans Vingt Ans après “ Anne de Bueil – C’était ma mère. Mais l’écrivain n’en est pas si sûr. Lord de Winter, désireux de se débarrasser d’elle sans la tuer, lui remet un passeport établi au nom de Charlotte Backson. La conversation montre que ce nom est inventé. Or, dans le prologue du drame de La Jeunesse des mousquetaires, le vicomte de la Fère, futur Athos, et son épouse lisent un parchemin. “ Le vicomte : "William Backson". / Charlotte : "Mon père…" / Le V. : "Anne de Breuil…" / Ch. : "Ma mère (…) J’avais perdu depuis longtemps mon père et ma mère…" / Le V. : "Oui, votre père en 1612… Votre mère en 1615…" ”

Il est manifeste que Dumas, ou son nègre, donnant une forme dramatique au roman écrit cinq ans plus tôt, a essayé de donner consistance et cohérence à l’invention de la Charlotte Backson de lord de Winter, tout en justifiant à demi le nom d’Anne de Bueil. On reviendra, autant qu’aux noms, à la nécessité de donner au personnage une ascendance franco-anglaise. Dans la masure d’Armentières, à l’épilogue du drame, Athos lui donne tous ses noms sauf celui d’Anne de Bueil. Vingt Ans après nous suggère une autre possibilité. John Francis de Winter, fils de Milady et dépouillé par Charles Ier des titres et de la fortune de son père en raison de la nullité du mariage de ses parents, a pris le nom de Mordaunt, emprunté à une famille noble de l’époque. Un fils naturel portant d’ordinaire le nom de sa mère, ne peut-on imaginer qu’il s’agit du nom de jeune fille de Milady qui se serait alors présentée à Athos sous un faux nom. Athos à l’auberge du Colombier Rouge semble avoir quelques doutes sur l’authenticité du nom d’Anne de Bueil : “ N’était-ce pas ainsi que vous vous appeliez quand votre honoré frère nous a mariés ? ” Cette phrase pourrait suggérer que Milady s’était présentée à Athos sous un nom d’emprunt français, peut-être celui de sa mère, mais que sa véritable identité est anglaise.

Deux récits qui se recoupent partiellement révèlent le passé de Milady : la confession d’Athos et l’histoire du bourreau de Lille. Anne de Bueil était une jeune fille venue s’installer avec son prétendu frère, un prêtre, dans une cure située sur le domaine d’un seigneur berrichon, le comte de la Fère ; cet honnête homme amoureux l’a épousée sans enquêter sur ses origines mais s’est aperçue quelque temps après le mariage qu’elle était marquée à l’épaule de la fleur de lys ; pas plus curieux dans la fureur que dans l’amour, il la pend sans autre forme de procès. Athos a compris que le prétendu frère était un complice. Mais le récit du bourreau de Lille remonte plus loin dans le passé : la fausse ou vraie Anne de Bueil était religieuse, elle est partie avec le frère du bourreau, en volant le trésor du couvent. Arrêtée et enfermée avec le prêtre coupable, elle s’en est enfuie grâce à la complicité du fils de son geôlier. Le bourreau contraint de marquer son propre frère de la fleur de lys en fait autant à la religieuse
défroquée.



Source Wikipédia
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