Tout une population se tait. Elle fait comme si de rien n’était.
C’était le mot d’ordre: “faites comme si de rien n’était; Sinon...” Elle n’a pas eu besoin de dire la suite, elle le

savait. D’ailleurs elle ne l’avait pas préparée. Il était plus
efficace qu’ils se l’imaginent.
“...Sinon...” Les petits enfants ont vu leurs nounours déchiquetés. Les parents ont vu des nounours déchiquetés et plus d’enfants, pfuit! envolés. Les chiens se sont vus bouffés par des chats; les
chats par des rats et les rats par leur frère.
Elle aurait voulu être en même temps dans la tête de chacun. “...Sinon...” Boum! Un spectacle d’horreur; les cauchemars de chacun; du Jérôme Bosch en mouvement, sans limites de toile, qui grandit,
qui se peuple dans le silence.
Elle n’est pas croyante, mais si Satan l’habite (pour Pascal!), il doit flipper de ce qu’elle peut créer.
D’ailleurs c’est lui qui regarde tout une population transite d’effrois. Il prend des notes. C’est lui qui regarde par-dessus son épaule quand elle leur tourne le dos; une valise sous le bras,
pleine de tous les personnages d’une pièce.
Je les enlève; je les garde pour moi. Je les ai placés dans un monde vide. Chacun a pu demander ce dont il avait envie. Je leur ai donné et les regarde vivre.
Voici de leurs nouvelles: “20 ans après, dans un monde parallèle”.
Constance et Ketty élèvent mon fils. Mon cher trésor apprend le bien et l’amour; c’est une bonne base pour commencer la vie. Elles ont voulu travailler. Ketty est DRH dans un hôtel de grand
standing et Constance fait des placements en bourse.
Les aubergistes ont monté un collectif. Grands et petits tiennent un camping où tous les autres passent leurs étés.
Louis XIII est chroniqueur sportif; pour pallier son bégaiement, il y a plusieurs ballons sur le terrain.
Anne a quitté son époux légitime pour son amant. Bubu et elle vendent des paniers en osier sur les marchés.
Séguier est pilote de voiture de course. 20 ans qu’il gagne le grand prix de Dumas-Ville.
Richelieu dirige une revue dans un cabaret. Il a embauché tous ces gardes. Le spectacle est un succès et s’intitule: “ Si on avait été habillé en bleu, on aurait eu l’air de Stroumpf”. Jussac et
Rochefort vendent des cigarettes à l’entracte.
Planchet fait du trapèze volant; c’est le gouverneur qui fait la parade.
Patrice et Patrick donnent des cours d’autodéfense.
O’Reilly a monté une usine qui fabrique des ferrets à la chaîne. Il les vend au camping; c’est indémodable.
Monsieur Bonacieux travaille pour les Renseignements Généraux. Il a déjoué nombre de complots.
M. de Tréville coule une retraite heureuse. Pour s’occuper, il tient un parc d’attractions : “Prière de laisser son épée à l’entrée”.
Les mousquetaires ont troqué leurs rapières contre des aiguilles; Ils tricotent. “Boucharisansos, Tranchedesos et Compagnos” et la meilleur fabrique de pulls du pays.
Le Supérieur des Jésuites d’Amiens et la Mère Supérieure vivent ensemble. Ils distillent un drôle d’alcool qui enivre les autres. Je crois qu’il n’y a pas que de la pomme dedans...
Le Bourreau fait du turning-bâton avec des haches.
Lord de Winter est fleuriste et collectionne les papillons. Je crois qu’il n’est plus tout à fait là; mais semble heureux.
Felton a commencé avec succès une carrière de one-man-show comique.
Mme de Lannoy a renoncé à sa nanabaye et tient une crèche.
Les musiciens se sont mis à la danse; les danseuses au chant; et les choristes au kung-fu.
Les crieurs de Paris vendent des produits par Internet.
Cécile, Céline, Ludo et Riwan tiennent un théâtre où l’on ne joue que des pièces à moins de quatre personnages.
Monique et Régine sont styliste pour la première et photographe de monde pour la deuxième.
Athos, Portos et Aramis attendent un quatrième pour une belote. Sinon ils font de la musique. Un super Boys Band qu’adorent toutes les minettes.
Et d’Artagnan dans tout ça? Il est avec moi. On boit une camomille et on rigole.
Votre affectionnée Milady.